Toujours sous le soleil (en fait pas 1 jour de pluie depuis notre départ…) nous longeons plusieurs criques dont « Agulia » (qui signifie Orphie dont nous verrons quelques spécimens pendants nos randonnées immergées), « Conca » au sable légèrement rose, le Cap de Senetosa, et nous arrêtons à « Tivella » (02/07). Cette crique prend son nom du rocher central de plage en forme de « tortue ». Nous y verrons surtout une forme de rat ou souris avec même 2 rochers pointus dans le maquis pouvant évoquer un chat à l’affut caché dans les broussailles, prêt à bondir. L’eau est claire et les oblades nombreuses. 2 barracudas chassent sous le bateau, narguant le capitaine pirate qui ne peut s’empêcher de sortir le fusil harpon, cible harponnée, mais elle se détache….
Départ le lendemain après une petite baignade matinale et un tour sur la plage, pour l’abri de « Paragnanu », après avoir fait un stop en milieu de journée à « Roccapina », dominée par son célèbre Lion (Taffoni évoquant un lion couché, dont la couronne est formée des ruines d’une enceinte moyenâgeuse, et sous la gorge duquel, les bergers trouvaient abri, et qui a peut être également servi de grenier à blé) et une tour génoise. La Cala di Roccapina est très réputée pour sa plage de sable fin et (encore !) ses eaux turquoises. Nous y ferons donc un après-midi pour en profiter sans toutefois, y rester le soir car elle est très fréquentée !
Commencent ensuite la réserve des bouches de Bonifacio, au décor plutôt aride parsemé de roches calcaires claires, de blocs de granite, de maquis odorants à la végétation basse. L’arrivée à Bonifacio marque une césure minérale avec sa falaise calcaire haute de 80m et longue de 1600m.
Nous passons la nuit au mouillage de « Paragnanu », sous un coucher de soleil magnifique sur les falaises de Bonifacio, en vue d’arriver tôt au port le lendemain.
Cette cité, dont le nom vient du marquis de Toscane Boniface II , domine la mer des 2 cotés et le lieu a toujours constitué un abri naturel.
Coté informations portuaires pour les marins : 57€, pas de Wifi, Sanitaires en très mauvais état (pré fabriqués, où les douches Ecossaises sont conditionnées par un jeton de 6 min) et l’environnement la nuit est extrêmement bruyant : nous serons d’ailleurs arrimés sur le ponton en face du B52, bar aux puissants décibels animé jusqu’ à 2h du mat. Mais le hasard fait bien les choses. Nous retrouverons Sawadee pour la fin de soirée et profiterons ensemble de la musique, pendant que les filles danseront sur le pont.
Bonifacio s’est aussi l’occasion d’aller faire un coucou à Catherine, Tchitchi, la maman de Géraldine, dont la maison familiale trône sur le port avec une vue imprenable sur le paseo et la succession des bars/ restaurants. Merci encore, dame Catherine, pour ce petit déjeuner de roi, lors duquel nous découvrons le pain des maures (un pain rond légèrement sucré contenant noix et raisins), la confiture de myrte et le miel corse sans oublier ce fabuleux couscous cabri du soir !
La visite de la ville nous amène naturellement à la citadelle (ville haute) à l’ambiance parfois moyenâgeuse, qui était si bien protégée, entourée de remparts et de 7 tours rondes. Nous y pénétrons par la porte de Gênes, qui offre de magnifiques panoramas sur le port, la route du col et la mer et le fameux grain de sable, un rocher isolé, posé au milieu du bleu de la méditerranée. Cette porte était l’unique entrée de la ville et il fallait passer 8 autres portes successives ainsi qu’un pont levis pour parvenir à la place d’armes. La ville haute était équipée de citernes (à défaut de source) et on y trouvait des silos à grain ainsi qu’un moulin à vent juste à côté. Les rues y sont étroites, pavées, surmontées d’arcs-boutants et d’arcades reliant les hautes maisons entre elles, et servant de gouttières pour récupérer les eaux de pluie vers les citernes privées ou la réserve communale. Les entrées de ces dernières sont constituées pour la plupart d’escaliers abruptes qui ont parfois remplacé les échelles amovibles dont se servaient les habitants pour se protéger en les retirant pour la nuit ou lors d’attaque ; difficile donc pour l’assaillant de pénétrer dans ces maisons, qui avaient alors tout le confort nécessaire pour résister en autarcie, possédant chacune son four, sa citerne, son cellier.
Nous passons devant l’escalier du roi d’Aragon, 188 marches irrégulières taillées dans la roche calcaire de la falaise, qui, selon la légende, auraient été creusées en 1 nuit, lors du siège de la ville par le roi Alphonse V d’Aragon en 1420. Il aurait fait fermer le port par une chaine de fer et posté 5 navires à son entrée pour éviter tout ravitaillement de la ville. Une flotte génoise serait arrivée pour libérer Bonifacio. En réalité, les moines du couvent Sainte Marie auraient aménagé cet escalier pour accéder à la source d’eau potable Saint Barthélemy située tout en bas et accéder à la mer.
Nous continuons la visite vers le bosco, plateau couvert jusqu’ à la fin du 18eme, d’oliviers, genévriers, lentisques pistachiers au bout de la ville où se situent restes des moulins à vent, jusqu’au cimetière marin, nommé également cimetière Saint François. Construit en 1823, il englobe une partie d’anciens jardins d’un couvent franciscain et est certainement le plus beau de Corse, et le plus méridional. On y trouve un vieux puit de 1398, et les tombes sont de petites chapelles ou mausolées familiaux accolés les uns aux autres, créant une sorte de mini ville.
Au bout de ce promontoire se situe le gouvernail. Il s’agit d’n passage et de tunnels creusés sous la falaise vers 1880 par le génie militaire français, qui permet d’accéder via 168 marches humides à une salle « belvédère » dans la roche. Située à 10m au-dessus de la mer cette cavité, offre un panorama format 16/9eme, et un excellent poste de défense.
Nous proposons le lendemain à Catherine, ainsi que Thomas et Raphaëlle (des cousins de passage dans la maison familiale) de faire un tour dans les fameuses îles Lavezzi, archipel le plus au sud de la France, constitué d’ilots et d’écueils au milieu d’eaux cristallines, offrant criques au milieu de rochers aux formes arrondies… souvenirs de jeunesse pour Tchitchi (et Geraldine) qui y a tenu une paillotte sur la plage Arinella, menant une vie de robinson. C’est sous 25 nœuds que nous reviendrons, (cette partie de Corse est d’ailleurs souvent très ventée) en version sportive (Solent + 1 ris) après une belle journée piquenique mouillage à la cala di Ugrecu. Paysage surprenant de rochers ronds dans des eaux translucides. Le spectacle est aussi beau dans le fond et les effets de la réserve naturelle des bouches de Bonifacio se font ressentir : dentis, daurades royales de belle taille, ormeaux, innombrables castagnoles qui s’ébattent au milieu des posidonies. Titouan amène Catherine en balade kayak entre les rochers. Seul le vent empêche d’en profiter au maximum et de prendre les photos idylliques des brochures à touristes.
Après avoir laissé nos passagers de la journée entre les mains des sauveteurs des mers, qui ont gentiment accepter de nous aider pour les déposer à terre, vu que nous n’avions pas accès aux pontons du port pour cause d’embouteillage à l’entrée, nous partons pour un mouillage à Piana.
Il s’agit d’une ile plate au nord de l’ile privée de Cavallo (résidence de Roberto Benigni, Jean castel, Clotilde Courau, Bill Gates…) presque reliée à la corse par un passage de sable où la profondeur de l’eau n’excède pas 70 cm. Paradis des kite surfeurs et autres sportifs du vent de de l’eau, c’est un endroit assez venté bien que relativement protégé. Réussite d’ancrage au bout de la 3 -ème tentative… le vent n’a pas diminué.
Cette partie de la corse abrite certaines des plus belles plages. Rondinara, notre destination suivante, en est un exemple : une baie toute ronde bordée de sable fin (encore !!! on s’en lasserait presque ) et aux eaux aussi chaudes que transparentes. Elle est encadrée par un grand lac offrant un paysage improbable. Nous aurons même droit à un concert le soir au restaurant surplombant la plage.
Un dernier passage par les lavezzi via un mouillage Cala Lazarina, pour faire un tour en kayak au milieu des rochers arrondis, et dormir devant la pyramide de granite construite en hommage aux victimes de la « sémillante ». Ce navire militaire, quitte le port de Toulon le 14 Février 1855 à destination de la Crimée, avec à son bord, 750 hommes et du matériel de guerre pour venir renforcer le front du siège de Sébastopol. Pris dans une violente tempête et de brouillard, le bateau heurtera les écueils à grande vitesse et coulera de nuit sur l’ilot rocheux, ne laissant aucun survivant.
Nuit au milieu des puffins et de leur cris si particuliers…