Samedi 14/11,
Aprés une nouvelle chasse aux langoustes, qui s'avère bredouille de ses dernières, une petite sieste pour préparer la navigation vers Sao Nicaulo...
Une grossière incompréhension sur la destination nous amènera à partir vers 17h pour Carrical, petit village de pêcheurs comptant 200 âmes.... (en fait Gaël avait calculé la route pour Tarrafal 20 miles plus loin). Une navigation sportive à 8 nœuds de moyenne nous fait arriver à 3h du mat à carrical, dans l'endroit le moins bien cartographié et balisé de notre périple... heureusement la lune est... complètement absente !!! Il n'y a pas une lumière à carical car les groupes electrognènes sont éteints et le phare du bout de la jetée n'a plus de batterie... Nous serons sauvés par une capture d'ecran de Google Earth super précise et placée judicieusement dans OpenCpn, notre logiciel de navigation.
La nuit est sombre et nous distinguons à peine les montagnes à moins d'un miles. Leur présence est uniquement confirmée par le radar. Nous longeons la cote à distance d'un mile et plongeons vers ce mur noir. Nos phares antibrouillard de voiture bricolés seront salvateurs; nous apercevons une, puis plusieurs barques dans le fond de la baie. Ce sera notre ligne de mire en essayant de rester bien dans l'axe face à 25/30 nœuds de vent en rafale. Nous mouillons 2 fois suite à un premier dérapage. Après un tour d'horizon dans les phares, nous découvrons les écueils qui déferlent de chaque coté de Tsaëlou.... un second mouillage en plomb de sonde sera posé pour nous rassurer et limiter l'évitage vers les écueils. Bref, trés impressionnant. Une arrivée digne de bleus, ou de fous....
Dimanche 15/11/15 (Bon Anniversaire roro !!)
Au réveil, quel ravissement de découvrir ce petit port de pêche, au fond d'une vallée verte de palmiers et d'acacia qui plongent vers une jolie petite plage de sable noir bordée de cocotiers.
Nous débarquons après une bonne grasse matinée et les traditionnels devoirs des enfants. Le village est calme, les enfants jouent dehors. Manuel, un vieux pécheur enjoué nous aborde et nous souhaite la bienvenue à Carrical, 'mui tranquil...', nous lui demandons si Eric est là. Il nous conduit directement à un des 5 bars du coin, chez Reynaldo, également directeur de l'école. Ici se trouve Eric, à l'apéro dominical avec les pécheurs locaux.
Nous avions aperçu rapidement sur le net en cherchant brièvement des infos sur Carrical dans la nuit de notre approche qu'un français Eric y vivait depuis 15 ans et avait fait beaucoup de chose pour le village.. c'est peu dire. En effet pendant 15 ans Eric à fait la navette entre Port Venvres et Carrical pour alimenter l'association qu'il a créée pour le village. Vélos, cahiers, crayons, fusils harpons, VHF, panneaux solaires, batteries, sont parmi les denrées qu'il a ramené. Il a également récolté les fonds et géré sur place la création du quai de débarquement pour les pécheurs, obtenu une ligne de crédit de l'ambassadeur de France pour l'alimentation en eau courante dans tout le village, dernièrement ils a fait ouvrir une école maternelle et les travaux d'électrification du village sont en cours. Bref vous comprendrez qu'il est connu comme le loup blanc et parfaitement intégré au village, ce dont il nous a merveilleusement fait profité. Retrouvez toutes les infos sur l'association d'Eric sur le site www.treguern.com . Il cherche toujours des parrains pour les enfant du village, dont la participation permet le passage en étude secondaire, à Ribeira Brava.
Nous avons découvert ce village grâce à Eric et Sandrine qui nous ont tout de suite accueilli nous invitant à partager un super gratin dauphinois, avec quelques pécheurs, (Tosé, Jouan, Bog, Anna, et l'aïeule de village, ainsi qu'une flopée de marmaille !!) dans leur maison qui est également siège de l'asso et maison ouverte. Plus que convivial!
Nous passons de longues heures à regarder le débarquement du poisson de leur terrasse qui surplombe le quai et la petite baie (Le thon est à moins de 2€ le kilo..).
Le soir, grillades au bateau avec Eric et Sandrine. Lors du retour nocturne à terre, des milliers d'orphies, sautent dans le faisceau de la lampe frontale, elles tombent même dans l'annexe. Lors de l'accostage au quai il y en a des centaines entre l'annexe et ce dernier. Nous les ramassons à la main et en 2 min le sceau est plein !!
Lundi 16/11/15
Je pars à la chasse sous-marine avec Bog, pendant que les enfants iront suivre les cours à l'école du village.
Saskia et Sandrine s'occupent du linge, de préparer les orphies ramassées à la pelle la veille. Saskia découvre le "Chinchon", un jeu de cartes local et apprend aux enfants du village à confectionner des mobiles avec des bois flottés et des coquillages (Peut-être le futur artisanat local de Carrical !!).
Nouveau repas merveilleux chez Eric, Sandrine et les pécheurs, avec les poissons fléchés le matin et les orphies.
Titou et Ewenn jouent avec leurs nouveaux camarades d'école. Course sur la plage, football, et essai des superbes jouets locaux (roue de vélo tenue avec un fer à béton courbé en forme de volant, Afrique quant tu nous tiens..).
Aprés-midi randonnée à travers la vallée vers les jardins et la source du village. Superbe balade de 6km qui grimpe bien, notre cabri de titou rivalise avec les gamins locaux... Les paysages sont superbes, bien que détruits en partie par une grosse tempête fin Août, beaucoup d'arbres sont à terre, les jardins partiellement détruits et le réseau d'irrigation également. Ils attendent quelques aides européennes pour remettre en état. Au sommet de notre balade deux majestueux Baobab trônent, les pieds dans la source.
Eric nous apprend que sur la plage de Carrical naissent des tortues carreta carreta. C'est un lieu ancestral de ponte et depuis quelques années les autorités locales emploient Sydney, un jeune sourd muet à aider l'éclosion des œufs. Sydney surveille et protège les nids de carrical et collecte les œufs dans les nids des autres plages peu sures. Ainsi le taux d'éclosion passe de 10-15% à prés de 90%, Sydney a sorti 1200 jeunes tortues cette année. Une éclosion a eu lieu 2 jours avant notre arrivée. Nous regardons bien évidement pendant tout notre séjour, mais hélas Sydney nous confirme que les prochains nids ne pourrons éclore avant quelques jours.
Mardi, nous allons nous promener en cata avec Eric, Sandrine et Bog à Praia Azul une magnifique baie de sable blanc à 4 miles à l'Est de Carrical.
Nous longeons des falaises calcaire mélangées aux orgues basaltiques, on dirait un 'Oreo' géant. Chasse sous-marine avec Bog au milieu des requins dormeurs, (ça fait tout de même bizarre la première fois en tombant nez à nez avec une bête de 2m au détour d'un rocher lors d'une apnée!!!)... Pendant ce temps là, la troupe pêche des rougets barbets à ligne au doigt à partir du bateau. Grillades, puis plage et collecte d'oursins par Saskia et Eric pour une bonne oursinade ce soir autour d'un verre de punch local.
Mercredi je pars à 6h30 avec Miguel, à bord de sa barque pour aller à la pèche au thon. Miguel est le meilleur pécheur local. Pendant le trajet j'ajoute de l'eau de mer en permanence dans le tonneau pour oxygéner au mieux les vifs péchés la veille. C'est d'ailleurs superbe de les observer la terrasse d'Eric en train de pécher ces vifs à l'aide de cannes de roseaux, d'un hameçon sans appât avec juste un plomb enroulé sur ce dernier.
Le stockage de ces vifs est fait dans de magnifiques petits viviers en forme de barques et perforés de trous, flottant au raz de la surface. Nous longeons la côte jusqu'a praia Azul et nous écartons en direction de "Bache Grande" un haut font de 40m au milieu de fonds de plus de 200m. La pêche au thon à la capverdienne est assez simple. Un fil costaud, un hameçon simple et des vifs bien en forme. On accroche le vif par le dos, et on lance loin dans le sillage du bateau au mouillage. On "arrose" de vifs 'volants' pour habituer le thon à venir manger ici des poissons un peu groggys par le vol plané... Nous n'avons eu qu'une touche et malheureusement aujourd'hui les 4 bateaux sur le banc sont rentrés bredouilles.... j'espère que ce n'est pas moi qui leur ai porté malchance, car les autres jours c'était 3/4 thon de 30/50kg par bateau..., mais en tout cas une superbe journée et des souvenirs plein la tête pour un rêve réalisé.
Nous quittons carical jeudi 19/11 avec quelques regrets. C'est évident pour nous que nous avons enfin goutté à l'essence même de notre voyage, en partageant un peu la vie des locaux et en sortant enfin des sentiers battus. Nous avons offert 2 de nos vélos qui ont fait des heureux. Ils sont déjà entièrement démontés et repeints. Fini pour eux les attaques destructrices de l'eau de mer sur le trampoline !!
Nous espérons revoir Sandrine et Eric à notre retour en France!